Ninanamapalin
12.11.2024 — 20.12.2024
Une exposition de
Soleil Launière
Dans une installation rassemblant photographies, écriture et matières naturelles, Soleil Launière nous parle du territoire comme lieu de guérison symbolique, comme espace qui nous habite même en ville, auquel il suffit de se connecter. Elle parle d’identité forgée par le lieu où l’on grandit. Ninanamapalin / Mon corps tremble évoque à la fois le train qui faisait trembler son lit dans la maison de son enfance et kutshapashikan, la tente tremblante, un rituel d’une puissance immense qui permettait au kamanituhit, celui·celle qui est imprégné·e de l’Esprit, de voyager dans l’espace-temps. Dans son œuvre, Soleil nous fait vivre cet espace, bien connu des tshiashilnuatsh (ancêtres) à travers les rituels de chasse, grâce à la présence d’une bande sonore qui fait vibrer par le son du passage du train et par sa voix magnifique. Elle nous transporte dans le monde des Esprits.
Pour la réalisation de Ninanamapalin, Soleil s’est mise en scène dans divers lieux sauvages du territoire autour du centre d’artistes Le LOBE (Chicoutimi) au cours d’une résidence de création (2021). Les photographies incluses dans l’exposition témoignent de cette présence dans le territoire. Soleil a également rassemblé des éléments représentatifs qui sont comme des parties d’elle-même afin de se reconstruire symboliquement. Elle a fait le lien entre des expériences de son enfance vécues dans sa communauté d’origine et un rêve imprégnant. L’appel des Esprits qu’elle entend depuis l’enfance et son côté chamanique se sont harmonisés dans son processus créatif qui s’est avéré aussi transformatif.
Sonia Robertson, commissaire
L’installation de Soleil Launière a été créée dans le cadre d’une résidence au centre d’artistes Le LOBE (Chicoutimi) qui s’est tenue du 30 août au 17 septembre 2021. Les résultats de celle-ci ont également fait l’objet d’une exposition dans le même lieu, du 17 septembre au 8 octobre 2021. Cette occasion s’est présentée à l’invitation de Sonia Robertson, alors commissaire en résidence au LOBE (2021-2022). Robertson a également invité, dans ce même cadre, deux autres femmes artistes de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh de Mashteuiatsh, dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean: Marie-Andrée Gill et Sophie Kurtness. Du 10 février au 1er avril 2023, la Galerie de l’UQAM (Montréal) a accueilli l’exposition collective Eshi uapatakau ishkueuatsh tshitassinu / Regards de femmes sur le territoire. Un commissariat de Sonia Robertson, elle réunissait le travail installatif de Marie-Andrée Gill, Sophie Kurtness et Soleil Launière réalisé en résidence au LOBE.
Biographie
À propos de l’artiste
Originaire de Mashteuiatsh et installée à Tiöhtià:ke – Mooniyang (Montréal), Soleil Launière (elle/iel) est un·e artiste transdisciplinaire ilnu dont l’œuvre fusionne la performance, le mouvement, le théâtre, l'installation et le chant, dans une exploration audacieuse. Son art, profondément enraciné dans la cosmogonie ilnu et l’esprit sacré des animaux, cherche à révéler les silences et à déchiffrer les langages universels.
Depuis 2008, ses performances traversent les frontières, présentées à la fois au Québec et à l’international. Parmi ses œuvres marquantes, on compte Umanishish (2019) à l’Usine C, Courir l'Amérique (2020) au Théâtre Quat'Sous, Meshtitau (2021) au Festival TransAmériques, Akuteu (2022) au Théâtre d'Aujourd'hui, Aianishkat à l’Agora de la danse (2024) et Sheuetamu (2020), née d'une résidence à l'École nationale de théâtre du Canada. En 2020, elle crée sa propre compagnie, Production AUEN. Révélation Radio-Canada 2024-2025 et gagnante des Francouvertes 2024, elle se distingue dernièrement par son premier album Taueu, en nomination au Gala de l’ADISQ et au GAMIQ. Sur la scène littéraire, son livre Akuteu (2023) a remporté plusieurs prix, dont l’Indigenous Voices Award.
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À propos de la commissaire
Ilnue de Mashteuiatsh où elle vit actuellement, Sonia Robertson (elle, accords féminins) est artiste, art-thérapeute et commissaire. Depuis l’obtention de son baccalauréat interdisciplinaire en art de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) en 1996, elle a participé à de nombreux évènements artistiques au Canada, en France, en Haïti, au Mexique et au Japon. Elle a développé une approche in situ qui devient de plus en plus participative. L’art est pour elle un moyen d’expression et de guérison puissant. En 2017, elle a complété une maîtrise en art-thérapie à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) au cours de laquelle elle a créé une approche liée à l’imaginaire des peuples chasseurs-cueilleurs. Depuis 1994, elle a participé à des projets situés à la frontière entre l’art et l’art-thérapie en tant que commissaire. Son approche bienveillante mène souvent les artistes à explorer d’autres champs d’expression. Elle a agi comme commissaire pour le projet Aki Odehi au Centre d’exposition de Val-D’Or et chargée de projet au Musée amérindien de Mashteuiatsh pour l’exposition permanente participative, L’esprit du Pekuakamiulnu (2005). Ces deux projets ont reçu le prix d’excellence de la Société des Musées du Québec.
À propos de la Galerie de l'UQAM
La Galerie de l’UQAM est une galerie universitaire dédiée à l’art contemporain, enclavée dans l’Université du Québec à Montréal. Elle produit et présente des expositions d’art contemporain québécois, canadien et international, la plupart réalisées par des commissaires reconnu·e·s. Elle explore diverses préoccupations liées au travail d’artistes professionnel·le·s, tout en s’ouvrant aux courants émergents et aux travaux des étudiant·e·s en arts visuels et médiatiques, en histoire de l’art et en muséologie. Elle favorise l’édition et la promotion de publications spécialisées de haut niveau qui sont distribuées en Amérique et en Europe, indexées dans plusieurs répertoires internationaux en art contemporain. La Galerie a également pour mandat la conservation, la gestion et la diffusion de la Collection d’œuvres d’art de l’UQAM.
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Sonia Robertson
Matières à réflexion:
Pratiques ancestrales lnuatsh et appartenance à Nitassinan
Dans un contexte où les artistes autochtones sont peu présent·e·s sur les scènes artistiques du Québec, ce projet est né du désir de faire connaître les femmes artistes de ma communauté, d’abord au milieu artistique de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, puis à Montréal et, maintenant, à Rimouski. Soleil Launière, Marie-Andrée Gill et Sophie Kurtness ont également nourri la réflexion que je porte sur les fonctions de l'art chez les Premières Nations et plus particulièrement chez les llnuatsh, ma nation. En tant qu'art-thérapeute, il m'est indéniable de mettre en lumière les fonctions homéostatiques de l'art qui sont très anciennes chez les llnuatsh et qui ont même inspiré certaines notions fondamentales de l'art-thérapie. Malgré qu'aucun mot n'existe dans ma langue pour «art», les pratiques artistiques ont depuis toujours servi à se reconnecter à soi, aux autres et au monde invisible des Esprits si cher aux Ilnuatsh. Le territoire réel ou imaginaire sert ainsi de base aux pratiques artistiques puisqu'il est lié à notre identité, individuelle et collective. Il est aussi notre pharmacie, notre garde-manger, notre quincaillerie, notre bibliothèque. Il est un lieu de partage et de transmission des histoires et des savoirs.
Avec ce projet, j’ai vu l’occasion d’affirmer notre identité et appartenance à Nitassinan, notre territoire, en réfléchissant surtout à l’aspect immatériel. Le Saguenay—Lac-St-Jean est un territoire occupé par les Ilnuatsh depuis des millénaires. Ces dernier·ère·s l’ont parcouru de long en large, ont nommé chaque rivière et chaque montagne en lien avec les particularités du lieu. Les Ilnuatsh entretiennent une relation puissante et profonde avec le territoire, car il est source de nourriture, remèdes et matériaux pour la fabrication d’habitations et d’objets divers. Parce qu’ils·elles y vivent, ils·elles sont conscient·e·s du lien de dépendance et de la fragilité de toutes vies. Et, comme ils·elles ont une vision animiste du monde, chaque élément qui le constitue est vivant et donc sacré. La façon de maintenir cette relation de respect avec le territoire s’inscrit dans l’imaginaire, lieu où se situe l’esprit de toutes choses, et qui se manifeste par les rêves, les contes et les pratiques artistiques.
C’est à partir de cette idée reliée à l’imaginaire, au territoire et ses influences sur l’artiste et son processus que j’ai poussé ma réflexion sur l’apport de ma nation à l’art contemporain et au processus créatif:
- Quel est l’espace qui sépare ou qui unit l’art actuel et les pratiques artistiques ancestrales des Pekuakamiulnuatsh ?
- Est-ce que ces pratiques existaient déjà et si oui de quelle façon ?
- Comment se vivent-elles aujourd’hui chez les artistes ?
Revue de presse
Soleil Launière « décolonise » l’espace à Rimouski, article de Camille Lacroix, ICI Bas-Saint-Laurent, 16 novembre 2024. Lire l'article
«Le monde des Esprits» de Soleil Launière, article de Johanne Fournier dans le journal Le Soleil, 14 novembre 2024. Pour lire l’article
Soleil Launière présente l’exposition Ninanapamalin / Mon corps tremble, entrevue de Soleil Launièere à l’émission Info-réveil, le 12 novembre 2024. Écouter le segment
Soleil Launière, de la musique à l’art visuel, entrevue de Soleil Launière au Téléjournal Est-du-Québec sur ICI Bas-Saint-Laurent, le 12 novembre 2024. Écouter le segment
Mettre en valeur le travail des artistes de la relève
Ça nous tient à coeur.
Notre centre d’artistes s’applique à offrir à la communauté des expositions de qualité et des activités gratuites qui font rayonner l’art actuel et les pratiques émergentes. En savoir plus sur notre mandat et nos activités, ICI.